![]() |
Voulez vous "exposer" vos enfants ? Qui demande leur accord aux milliers de bambins dont les images sont postées chaque jour sur les réseaux sociaux ? Pas leurs par ents, de toute évidence. D’où la nécessité de légiférer pour protéger l’épanouissement de leurs chers petits, selon le député Bruno Studer. Ici, cette famille du sud de la France filme sur YouTube le quotidien de son enfant depuis sa naissance. Les sorties au parc, les vacances au ski, les soirées jeux, les bêtises et les repas… Là, un couple de Parisiens poste chaque jour ou presque sur Instagram des photos de ses deux enfants, mentionnant les marques des vêtements et des jouets, avec des images très esthétiques. Là encore, une vidéo publiée la semaine dernière sur Instagram, où un enfant de 4 ans pleure parce que sa mère (Jessica Thivenin, une influenceuse et ex-candidate de télé-réalité aux 6,1 millions d’abonnées) lui étale de la pâte à tartiner sur le visage, en lui faisant croire qu’il s’agit d’excréments. "C’était une bonne blague ?" lui demande-t-elle, hilare, à la fin de la vidéo. "Non", répond l’enfant. Un "canular", comme on en voit beaucoup sur les réseaux sociaux, qui tient plutôt de l’humiliation. Tous ces enfants — et ils sont des centaines de milliers ainsi exposés sur Internet — n’ont évidemment pas consenti à se retrouver en photo et vidéo sur les comptes (publics) de leurs parents. Pour les protéger, le député Renaissance du Bas-Rhin Bruno Studer vient de déposer une proposition de loi visant à "garantir le respect du droit à l’image des enfants", estimant qu’il s’agit d’une "condition de leur sécurité, de leur bien‑être et de leur épanouissement". Selon lui, si on ne peut interdire aux parents de mettre en ligne des photos de leurs enfants, on peut au moins les sensibiliser au droit à l’image et au nécessaire droit au respect de la vie privée de leur progéniture. Une notion qui, d’ailleurs, était au cœur du dernier rapport annuel de la Défenseure des droits, Claire Hédon. Le député cite aussi une étude montrant que "50 % des photographies qui s’échangent sur les forums pédopornographiques avaient été initialement publiées par les parents sur leurs réseaux sociaux". Exposer, à outrance, ses enfants en ligne peut mener à la prédation sexuelle, mais aussi à un harcèlement et une stigmatisation futurs. Ces enfants deviendront des adultes et ils demanderont, peut-être, des comptes à leurs parents. Autant prendre les devants. Source : Télérama (28-01-2023) |
![]() |