Oh! La belle plaque... Je viens de découvrir une des nouvelles plaques apposées sous l'ancienne porte près des remparts aux lions (acte louable en soit) et lisant l'inscription, j'avoue que je suis plus que perplexe après avoir parcouru l'ouvrage d'Hélène Debax (Mémoires de la société archéologique du Midi de la France -Les clés de la féodalité: L'enceinte du castrum en Languedoc au XIIe siècle (1)), j'ai retenu que la construction de l'enceinte et ses portes étaient imposées par la hiérarchie féodo-vassalique, une autorité supérieure, une conséquence sans nul doute des nombreuses guerres qui se sont succédées sans interruption depuis le IVe siècle sur notre Languedoc. Et bien que la natalité ait repris une courbe ascendante, il est évidant que les premières choses à protéger étaient de toute évidence les possessions seigneuriales. Même les abbayes et les églises devaient en référer au seigneur de la province et avoir leur aval pour une simple porte fortifiée. Cette période est encore troublée par des guerres dont celle menée par Marie de Montpellier pour préserver son héritage et protéger ses fils. En 1202 nous sommes déjà sous domination aragonaise, car notre suzeraine Marie s'étant alliée par mariage avec Pierre II d'Aragon personnage belliqueux avide de pouvoir, s'en suivront des guerres ruineuses pour préserver ou agrandir leurs domaines et asseoir sur le trône leurs successeurs. Les petits seigneurs ne seront pas épargnés, ainsi près de chez nous le château de Poussan sera attaqué plusieurs fois. Commencée en 1209 la croisade contre les albigeois durera 20 ans et finira par ébranler la stabilité économique du Languedoc. De nombreux nobles se retrouveront ruinés, dont les comtes de Melgueil, provoquant une révolte des nobles de 1216 à 1223. Le roi de France n'attendant que cela pour faire intervenir ses armées n'aura pas la victoire facile puisqu'il devra lutter pendant quelques années de 1226 à 1229 pour faire rétablir ses droits. Au passage ses troupes se servirent généreusement avec le sac de Béziers et bien d'autres villes. N'oublions pas de 1095 à 1291 les expéditions en terres saintes qui furent onéreuses pour toute la grande et petite noblesse de l'époque. Tout le monde ne peut revenir avec un fabuleux butin issu de pillage ! |
![]() Bien des seigneurs en ont été pour leur frais, ayant hypothéqué leurs biens pour acheter chevaux et équipements. Les seigneurs de Montbazin seront les vassaux des seigneurs de Montpellier et des comtes de Toulouse avant de devenir vassaux du roi de France. Il leur faudra fournir gens d'armes, troupes équipés, chevaux, convois de nourriture ; les héberger, nourrir leurs équipages et leurs suites. La soldatesque en guerre elle- même suivi d'une impressionnante cohorte de va-nu pieds, de gueux, de prostituées et d'enfants sans père avide de pillage et de rapine. Ils les suivront par- delà la méditerranée, espérant le rachat de leur âme peut-être en terre sainte, mourant par milliers, en se faisant massacrer par les infidèles ou en succombant à quelques fièvres après avoir bu une eau croupie. Bref, nos seigneurs ont-ils eu les moyens de payer portes et enceintes du village, ou cela leur a-t-il été imposé par une autorité, vaste sujet de débat. Mais je ne les vois pas faire des frais énormes pour quelques naissances au sein de leurs sujets. Je pense plutôt à l'accueil de troupes ou convois de pèlerins et même aux marchandises en transit comme les draps, le blé ou le sel. Monique Roussau (15-09-2023) |
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